SEO et écriture inclusive, est-ce que ça va ensemble?

Est-ce que l’écriture inclusive nuit au SEO?

Je fais du SEO sémantique, c’est-à-dire de l’optimisation de contenu pour les moteurs de recherche. Et pourtant, j’ai choisi l’écriture inclusive pour mon site web et mon blogue. Est-ce que je me tire dans le pied? Est-ce que l’écriture inclusive nuit au référencement naturel?

J’ai décidé de m’interroger sur le sujet.

Qu’est-ce que l’écriture inclusive?

Si vous n’êtes pas familier·ère avec ce type d’écriture, je viens tout juste de donner un exemple en utilisant le point milieu. C’est une des manières d’écrire de façon inclusive.

Dans le livre Apprendre à nous écrire : guide & politique d’écriture inclusive, on décrit cela comme « la catégorie générale qui regroupe les différentes méthodes pour atteindre une rédaction libre de toute forme de discrimination et qui vise à réellement inclure toutes les personnes. »

En résumé, le masculin ne l’emporte plus sur le féminin.

Comment écrire de façon inclusive?

J’apprends encore à ce sujet tous les jours. C’est un processus qui demande réflexion et adaptation alors ne vous découragez pas si vous débutez dans ce processus. Il existe 3 façons d’appliquer les principes de l’écriture inclusive :

1.    Utiliser des termes épicènes

Les termes épicènes sont non genrés, c’est-à-dire qu’ils sont les mêmes au masculin et au féminin. Ils incluent ainsi les femmes, les hommes, et les personnes non binaires.

Voici quelques exemples :

  • Camarade plutôt qu’ami ou amie
  • Enfant
  • Guide plutôt que conseiller ou conseillère
  • Cadre plutôt que patron ou patronne
  • Gestionnaire plutôt que directeur ou directrice
  • Membre du personnel plutôt qu’employé ou employée
  • Collègue
  • Spécialiste plutôt qu’expert ou experte
  • Touriste plutôt que voyageur ou voyageuse
  • Public plutôt que spectateurs et spectatrices

2.    Féminiser les mots et doubler les termes

On peut utiliser plusieurs techniques :

  • Doubler les mots pour s’assurer de nommer le masculin et le féminin. Par exemple : les rédacteurs et les rédactrices. Toutefois, cela peut alourdir les textes.
  • Utiliser le slash : un/e expert/e
  • Utiliser le tiret : travailleur-euse
  • Utiliser les parenthèses :  étudiant(e)s
  • Utiliser le point médian, ou point milieu : ami·e

3.    Rédiger en écriture non binaire

Je ne vous cache pas que ça demande des pirouettes de cerveau et que ce n’est pas toujours facile d’utiliser l’écriture non binaire. Ça demande de complètement réapprendre certains mots et la grammaire.

Mais ce n’est pas impossible.

En tant que francophone, je me dis que si nous avons pu apprendre qu’une chaise est féminine et qu’un plancher est masculin, alors que cela n’a aucune logique, nous pouvons aussi faire l’effort d’apprendre de nouveaux termes.

L’objectif de l’écriture non binaire est de retirer les genres en créant de nouveaux mots inclusifs.

Quelques exemples :

  • Le pronom iel
  • Celleux, qui inclut les mots celles, ceux et les formes non binaires
  • Toustes, qui inclut tous et toutes et les formes non binaires
  • Le déterminant saon, qui inclut sa, son et les formes non binaires

Écriture non-binaire en rédaction web

Pourquoi utiliser l’écriture inclusive?

Je vous entends dire : « La langue française est déjà assez compliquée de même, pourquoi je me casserais le c** à faire tout ça!? »

(Oui, vous êtes toustes un peu vulgaires dans ma tête, mais je vous pardonne.😉)

En fait, l’écriture inclusive permet de mieux représenter les personnes non binaires et les femmes. En résumé, je dirais simplement que c’est une façon de plus d’être bienveillant.e et gentil.le (et féministe). Pas plus compliqué que ça.

Écriture inclusive et SEO

Okay pour être gentil.e, mais est-ce que ça nuit au SEO lorsqu’on utilise l’écriture inclusive?

J’ai effectué quelques tests pour savoir si l’écriture inclusive a un impact sur les résultats de recherche sur Google. La réponse est oui. Les résultats ne sont pas les mêmes selon la recherche effectuée.

Lorsque j’ai cherché les termes « rédacteur web » et « rédactrice web », les résultats n’étaient pas tout à fait les mêmes. La recherche au masculin et celle au féminin a eu un impact sur les résultats de recherche. La recherche au masculin a donné des résultats entièrement au masculin. La recherche au féminin a quant à elle donné des résultats au masculin et au féminin.

En somme, certains sites qui se positionnent sur le mot-clé « rédacteur web » se positionnent aussi sur le mot-clé « rédactrice web », mais très peu de sites qui se positionnent sur « rédactrice web » semblent se positionner également sur « rédacteur web ». Évidemment, une analyse plus poussée serait nécessaire.

Là où c’est intéressant, c’est que lorsque la requête est en forme inclusive , soit rédacteur(trice), les résultats diffèrent complètement pour afficher majoritairement des sites qui utilisent l’écriture inclusive.

Est-ce que Google pénalise l’écriture inclusive?

Ma conclusion serait donc que Google ne pénalise pas l’écriture inclusive, mais iel traite cela comme de nouveaux mots-clés et ne semble pas encore toujours faire le lien sémantique.

Comme la majorité des gens effectuent leur recherche de façon non inclusive, on pourrait tout de même dire que cela « pénalise » à cause du volume de recherche moins élevé.

Comment être inclusif sans nuire à son référencement naturel?

Pour commencer, cela dépend des mots-clés sur lesquels vous souhaitez vous positionner. Il est facile de trouver des mots-clés non genrés. Dans l’exemple précédant, on aurait pu utiliser rédaction Web plutôt que le titre du poste.

À l’exception des titres d’emploi, la plupart des requêtes seront naturellement non genrées. Des mots-clés comme « huile essentielle de citron », «bottes de travail en cuir », ou « comment programmer une épingle sur Pinterest? » n’incluent pas de genre. Le fait d’utiliser l’écriture inclusive dans vos articles sur ces sujets n’impactera donc pas votre SEO.

Ce qui semble poser problème avec l’algorithme de Google, ce sont les points médians, les parenthèses, et autres typographies. Mon conseil serait donc de favoriser l’utilisation des doubles termes (rédacteur et rédactrice).

De cette façon, vous tenterez de vous positionner autant sur le terme masculin que sur le terme féminin. Comme Google apprend avec les requêtes des utilisateurs, il favorise les résultats qui correspondent à la recherche dominante, c’est-à-dire à ce qui est recherché le plus souvent.

Malheureusement, le masculin l’emporte donc encore souvent sur le féminin.

L’experte SEO Myriam Jessier a d’ailleurs élaboré une stratégie de référencement naturel pour ses services en tenant compte de cela:

«Ma chance en tant que spécialiste du référencement naturel, c’est de m’être décrite comme une spécialiste et non pas comme une experte. C’est un  choix conscient que j’ai fait pour suivre les tendances et obtenir un maximum de visibilité.»

Voici une comparaison entre les mots « experte » en bleu, et « spécialiste » en rouge, en terme de volume de recherche. On voit clairement qu’il est bien plus avantageux d’essayer de se positionner sur le terme épicène spécialiste que sur le terme féminin experte.

Google Trends experte versus spécialiste

Qu’en est-il du mot expert?

Attention, ça va faire mal à toustes les féministes:

google trends expert versus experte

Aïe, aïe, aïe!

On voit bien en jaune que la majorité des utilisateurs effectuent leur recherche au masculin lorsqu’iels recherchent un.e expert.e.

En SEO, le choix est donc évident: il faut miser sur la requête dominante.

Ici, j’entends les masculinistes, les #notallmen et autres 💩 dire « Mais qu’en est-il d’un mot utilisé majoritairement au féminin, comme « infirmière », par exemple?

google trends infirmier versus infirmiere

Et oui, il y a plus de requêtes pour « infirmière » que pour « infirmier », ce qui prouve que les recherches sont bel et bien genrées. (À savoir si Google est sexiste, on y reviendra dans un prochain article, n’ayez crainte! 😏)

Mes conseils pour utiliser l’écriture inclusive dans vos contenus SEO

Personnellement, je favorise souvent l’inclusion, la bienveillance et le respect aux choix plus businessy ou rentables. Je ne fais donc pas toujours ce que « je devrais » pour le mieux de mon entreprise.

Par contre, je comprends si vous ne voulez pas vous pelure-de-bananer 🍌 (c’est mon expression pour dire vous nuire à vous-mêmes).

Vous pourriez donc faire le compromis d’utiliser les termes dominants là où ça a le plus d’importance pour Google (dans les balises titres, les alt text, les méta titres et les méta descriptions, par exemple), mais utiliser l’écriture inclusive dans le corps du texte.

Utilisez-vous déjà l’écriture inclusive dans votre contenu web? Quel impact est-ce que ça a eu sur vous, vos clients.es et le public? Laissez-moi savoir en commentaires! 

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Ressources pour en savoir plus sur l’écriture inclusive

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