Éviter le burn-out – Comment naviguer la culture de la performance 

Est-ce que “fait vaut vraiment mieux que parfait”? Ou est-ce une autre manière d’encourager la culture de la performance? 

Pourquoi les entrepreneurs, et particulièrement les entrepreneuses, sont-elles plus à risque de burn-out? Et si on veut éviter de tomber dans la culture de la performance, est-ce que doit faire le deuil d’un certain succès?

Pour répondre à mes questions, je reçois Annie Prévost, thérapeute et conférencière en prévention de l’épuisement.

Mets ça dans tes oreilles!

 

D’où vient la culture de la performance? 

La culture de la performance, du hustle, du burn-out, ou de la productivité toxique (name it!), vient s’opposer à la productivité saine. Car oui, performer peut être positif, évidemment.

C’est lorsque la valorisation passe par le travail au détriment des autres sphères de notre vie que ça devient problématique. Selon Annie Prévost, cette mentalité a commencé à prendre racine avec l’industrialisation, quand on a arrêté de travailler pour notre propre survie. 

“Quand on a commencé à travailler pour d’autres personnes, quand on s’est mis à contribuer aux objectifs d’autres personnes, on s’est mis à aller vers une surutilisation des ressources, humaines et environnementales.” – Annie Prévost

L’accessibilité à l’information et les réseaux sociaux sont ensuite venus amplifier ça, parce que la comparaison est maintenant au centre de notre vie. Comme on peut voir ce que les autres font pour atteindre leurs objectifs, c’est facile de se demander si nous en faisons assez nous-mêmes.

Heureusement, il y a des changements de paradigmes en ce moment et on parle beaucoup des problématiques de santé mentale liées à la performance, surtout chez les entrepreneur·euses.

 

Le rôle des réseaux sociaux et de la comparaison

Sur les réseaux sociaux, on voit le beau, ce qui va bien. C’est difficile de relativiser. Pourtant, ce qu’on voit, c’est pas 100% la réalité des gens, c’est ce qu’iels veulent bien montrer publiquement.

L’apprentissage se fait par la comparaison. On imite ce que les autres font pour apprendre. Mais quand la comparaison nous amène à nous diminuer et à nous sentir moins capables de, c’est problématique.

Donc, avant de se juger, il faut d’abord se demander si le succès qu’on voit est vraiment celui auquel on aspire et si le vécu et la chance dont a bénéficié la personne nous permettent d’avoir accès aux mêmes privilèges.

 

Perfectionnisme et culture de la performance

Le désir de performance prend racine dans le désir de perfection. On fait passer notre désir de performance au-delà de nos besoins. Par contre, on peut être perfectionniste sans être dans la culture de la performance. Le perfectionnisme empêche parfois de se mettre en action, contrairement au désir de performance qui nous pousse à nous dépasser. 

La procrastination est très présente chez les perfectionnistes. Iels se font violence quand iels n’atteignent pas la perfection, donc ils se protègent d’elleux-mêmes en ne se mettant pas en action. 

Le perfectionnisme et la productivité toxique peuvent toutefois s’entrecroiser. Avant de se dire que “fait vaut mieux que parfait”, il est judicieux de se poser la question à savoir si cette action a réellement besoin d’être faite.

Better done than perfect? Fait vaut mieux que parfait? Mais la question à se poser en priorité c'est as-tu vraiment besoin de faire cette action? J'ai hâte que tout le monde comprenne que le repos, c'est productif. - Annie Prévost

 

Les femmes et les entrepreneur·euses, plus à risque de burn-out 

Ce qui fait en sorte que les femmes sont plus à risque de burn-out, c’est la charge mentale, surtout pour les entrepreneuses. Lorsqu’on débute, on porte tous les chapeaux de notre entreprise et il y a continuellement plein de choses à penser. Même quand on croit qu’on se repose, notre cerveau continue de rouler à pleine vapeur. Notre batterie finit donc par s’épuiser.

Et on peut s’épuiser à différents niveaux quand tout s’accumule. On peut se retrouver dans un épuisement relationnel, professionnel, émotionnel…

La quête pour se distinguer des autres, augmenter nos revenus (ou même faire simplement un revenu qui va nous permettre de survivre!), ajoute constamment à notre charge mentale. Comme employée, si on se rend à notre travail, on est payé même si on n’est pas à notre meilleur cette journée-là. Ce n’est pas le cas comme entrepreneuse.

En plus, exprimer nos besoins comme entrepreneuses n’est pas toujours évident. On travaille parfois à contre-courant de nos valeurs, et c’est demandant au niveau énergétique d’être désalignée dans nos actions.

Également,  les entrepreneur·euses sont souvent plus isolé·es, surtout les solopreneur·euses. C’est un autre facteur de risque qui s’ajoute à la liste.

“J’ai hâte que tout le monde comprenne que le repos c’est productif.”, mentionne Annie.

Les questions féministes en entrepreneuriat t’intéresse? Écoute l’épisode 6 avec Emma Nubel.

 

Si on ne veut pas tomber dans la culture de la performance, doit-on faire le deuil d’un certain succès? 

D’abord, on doit redéfinir ce qu’est le succès. En respectant tes limites, tu auras peut-être un succès financier qui est moins rapide, mais même s’il est moins rapide, il sera plus durable à long terme.

C’est impossible de parler de succès en ignorant toutes les autres sphères de notre vie autre que l’aspect financier. Certaines personnes essayent de nous convaincre que si tu aimes ton travail, tu n’auras pas l’impression de travailler. 

C’est se mentir à soi-même de se faire croire qu’on est TOUJOURS heureux au travail. Comme si c’était l’objectif ultime de trouver une job dans laquelle tu es heureux·se 100% du temps. C’est faux, ça ne se peut pas. C’est humain et normal, même si tu aimes ta job, que tu aies envie de faire d’autres choses.

L’important est de choisir un modèle d’affaires qui te laissent de l’espace pour les autres sphères de ta vie et qui respecte ta gestion d’énergie.

 

Comment éviter le burn-out

Annie propose des pistes de réflexion et des stratégies pour éviter l’épuisement:

  • Définis c’est quoi le succès pour toi.
  • Apprécie le processus, parce que tu ne peux jamais être certain·e d’apprécier la finalité d’une décision avant d’être arrivé au bout.
  • Le résultat ne justifie pas toujours tous les sacrifices nécessaires.
  • Rappelle-toi que la seule ressource que tu ne peux pas récupérer, c’est le temps.
  • Prends l’habitude de t’écouter.

3 stratégies concrètes pour revenir à toi:

  1. Fais des check-in. Arrête et écoute ce qui se passe à l’intérieur de ton corps. As-tu faim? As-tu soif? Dois-tu aller aux toilettes? De quoi as-tu besoin, ici et maintenant, pour te sentir mieux ne serait-ce que de 1%?
  2. Agis sur ce que tu peux. Est-ce qu’il y a des choses que tu peux simplifier, déléguer ou éliminer? 
  3. Donne-toi le droit d’expérimenter et de changer d’idée. Ne suis pas tous les conseils. Reviens à toi. Les autres ne te connaissent pas mieux que toi-même.

Qui est Annie Prévost? 

Annie est thérapeute en relation d’aide, consultante et conférencière en prévention de l’épuisement. Son mantra, c’est simplifier pour amplifier. Elle a un parcours diversifié dans le domaine de la relation d’aide et ça fait plus de 10 ans qu’elle accompagne les femmes à vivre une vie plus simple, mais pas moins ambitieuse.

Elle veut passer le message qu’on doit tous et toutes apprendre à se foutre la paix, et à vivre une vie plus alignée, avec moins d’épuisement.

Mentionnés dans l’épisode

Lectures suggérées par Annie Prévost

Et toi, qu’as-tu mis en place pour respecter ton énergie et naviguer sainement dans la culture de la performance? 

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