Écologie relationnelle - Entrevue avec Chloé L'écrivain

Écologie relationnelle – Entrevue avec Chloé L’écrivain

C’est l’épisode 62 de La ligne diagonale et je reçois Chloé L’écrivain. Ensemble, on discute de l’importance de nos relations avec les gens, le monde, et nous-mêmes, et on se questionne sur les impacts que ça a de séparer, ou pas, notre vie personnelle de notre vie entrepreneuriale.

Mets ça dans tes oreilles! 

NOUVEAU POUR LES ENTREVUES: Écoute le format vidéo!

 

Présentation du concept d’écologie relationnelle

D’un point de vue assez geek, le concept d’écologie relationnelle découle de 5 autres concepts:

1. Éco-féminisme

L’éco-féminisme est un mouvement qui lie les questions écologiques aux luttes féministes. Il souligne l’interdépendance entre les êtres humains et la nature, et milite pour une transformation collective visant à établir des relations plus équilibrées et respectueuses, tant entre les personnes qu’avec l’environnement.

 

2. Communication non-violente

La communication non-violente (CNV) est une méthode de communication qui encourage l’écoute empathique et l’expression sincère. Elle vise à résoudre les conflits de manière constructive, en favorisant la compréhension mutuelle et en évitant les jugements ou les accusations.

 

3. Théorie de l’évolution de Darwin

La théorie de l’évolution de Darwin met en avant l’interdépendance entre tous les êtres vivants. Elle propose que les espèces s’adaptent à leur environnement pour survivre, soulignant ainsi l’importance de l’équilibre écologique.

 

4. Économie de la nature

L’économie de la nature est un concept qui découle de la théorie de Darwin. Il met en garde contre l’exploitation excessive des ressources naturelles, qui peut entraîner un déséquilibre écologique et nuire aux humains eux-mêmes. Faire preuve de responsabilité est donc crucial pour maintenir un équilibre.

 

5. Écologie relationnelle

Finalement, l’écologie relationnelle, popularisée par le psychologue Jacques Salomé dans les années 80’-90’, transpose les principes écologiques aux relations interpersonnelles. Son concept repose sur trois étape :

  • Offrir : Engager le dialogue ou montrer de l’attention à l’autre.
  • Construire un lien : Avoir des échanges authentiques avec les autres.
  • Nourrir ce lien : Reconnaître sa part de responsabilité dans la relation et veiller à l’entretien et au développement de celle-ci.

Bref, il y a interdépendance entre tous les êtres vivants, reliés par leurs besoins de se nourrir, de s’abriter, de se protéger, de se soigner, de réguler leur population, etc.

En d’autres mots, on s’adapte à notre environnement, mais on change aussi l’environnement dans lequel on évolue. Il faut donc prendre soin de nos relations avec le monde et la nature.

Ensemble, ces concepts soulignent l’importance de la responsabilité, de l’interdépendance, et du respect mutuel, tant dans nos relations avec la nature que dans celles que nous avons avec les autres.

 

L’écologie relationnelle dans le milieu des affaires

Pratiquer l’écologie relationnelle dans notre entreprise, c’est de ne pas séparer le monde des affaires de notre vie personnelle. 

L’idée c’est que les mêmes principes qui régissent nos relations personnelles devraient s’appliquer dans le domaine des affaires. Séparer les deux peut conduire à des comportements désalignés que l’on justifie sous le couvert de l’entreprise. Comme si “notre entreprise” n’était pas “nous”, souvent à cause de la neutralité qui est attendue de la part des entreprises. 

Pourtant, c’est important d’être cohérent·e dans toutes nos relations, qu’elles soient avec des client·es, des ami·es, l’environnement, ou avec nous-mêmes. Ce n’est pas séparé. Donc, comment tu gères tes relations dans ta vie de tous les jours devrait être pareil dans ta business. 

“Comment est-ce que je peux faire en sorte que mon activité entrepreneuriale soit un espace dans lequel je n’ai pas à jouer un rôle ou à accepter des codes différents du reste de ma vie?” – Chloé L’écrivain

 

Devenir un·e activiste du plaisir pour améliorer tes relations

L’activisme du plaisir, c’est de mettre le plaisir au service de l’activisme et de la justice sociale. En d’autres mots, c’est de faire en sorte qu’être actif·ve pour un monde meilleur pour tous et toutes, ça se fasse dans le plaisir.

Parce qu’il y a une répartition inégalitaire du plaisir dans la société, la priorité, c’est le plaisir des personnes qui y ont le moins accès, sans mettre de côté ton propre plaisir.

On n'est pas fait pour vivre tout seul. On prend plaisir à être en relation avec les autres. Quand on est dans une logique de tout pour moi, au bout d'un moment, on s'appauvrit. - Chloé L'écrivain

 

Comment cultiver le plaisir de l’empathie? 

Quand on est une personne sexisée, on a souvent été éduqué à faire plaisir aux autres en priorité. Ce qu’on appelle du people pleasing.

En entrepreneuriat, si on a envie de faire plaisir à tout le monde, d’autant plus quand on a des valeurs de gauche, on risque de :

  • se sous-payer,
  • répondre à toutes les demandes de la clientèle,
  • ne pas poser ses limites et accepter des missions désalignées avec notre mission,
  • ou oublier notre plaisir au service des autres.

C’est un terrain risqué qui peut mener au burn-out. 

D’un autre côté, adopter des valeurs de droite et un égocentrisme dans notre façon de faire des affaires est aussi risqué, car on a besoin des autres pour être épanoui. 

La clé, c’est de développer son empathie pour faire de la place au plaisir des autres, sans sacrifier le sien.

Plaisir individuel et plaisir des autres

La diversité dans tes relations assure un écosystème en santé. Il faut entretenir des relations avec des gens qui sont à l’extérieur de ton background socio-économique.

 

A-t-on la capacité de changer le monde en se changeant soi-même?

La principale critique des principes d’écologie relationnelle de Jacques Salomé, c’est de mettre la pression sur les individus afin d’atteindre la perfection. C’est le côté sombre du développement personnel. Celui qui peut te rendre anxieux ou anxieuse.

L’important est de questionner ta responsabilité…mais sans oublier qu’on évolue dans un cadre capitaliste qu’on ne contrôle pas.

Toutefois, si chaque personne prend soin de soi, se familiarise avec ses émotions et se crée un cadre de vie agréable, effectivement, il y a plus de joie et donc ça change le monde. Mais le changement profond est collectif.

Je termine avec cette citation de l’autrice Octavia Butler:

“Tout ce que tu touches, tu le changes. Tout ce que tu changes te change. Seul le changement est une vérité.”

 

Quelques défis pour développer ton écologie relationnelle

Chloé et moi avons décidé de te lancer quelques défis pour développer ton écologie relationnelle. Voici ce qu’on te propose:

  • Pose-toi la question: quelle est la relation que tu entretiens avec le monde du vivant? 
  • Sors voir ce qui pousse près de chez toi 
  • Fais connaissance avec tes voisins et voisines
  • Prends plaisir à donner quelque chose

Si tu accomplis ces défis, viens nous le dire sur Instagram! 

 

Qui est Chloé L’écrivain?

Chloé L’écrivain est activiste du plaisir, coach féministe et elle crée des espaces où plaisir, libération collective et justice sociale se côtoient.

Elle est persuadée que nous pouvons tous et toutes avoir un impact sur le monde de demain et que c’est à nous de modeler un futur possible.

Elle pense aussi qu’on peut tout à fait avoir des valeurs de gauche et faire du business, et que, ça aussi, ça modèle le changement.!

Son travail prend la forme de groupes d’entraide pour les entrepreneurs et entrepreneuses sexisées – comme les Collectives, par exemple, qui est un collectif d’entraide et de motivation pour les travailleurs et travailleuses aux valeurs de gauche – et de retraites créatives et féministes.

 

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