Être inclusif même quand ta clientèle idéale l'est pas tant que ça. Entrevue avec Samuel Alexis sur la Ligne diagonale

Pour une inclusivité consciente en entreprise – Entrevue avec Samuel Alexis

Qu’est-ce que c’est, l’inclusivité consciente? Est-ce que toutes les entreprises devraient faire preuve d’inclusivité, même si leur fameux client idéal c’est Guy, homme blanc de 50 ans, vendeur de chars chez Ford, qui aime jouer au golf le week-end avec ses boys?… Ou est-ce que ce serait d’utiliser les causes à des fins marketing? 

Pour en parler, je reçois le graphiste Samuel Alexis. Mets ça dans tes oreilles!

 

Qu’est-ce que l’inclusivité consciente?

Pour Samuel, il y a un avant, un pendant et un après à l’inclusivité. Avant, tu dois savoir pourquoi tu mets en place des actions pour t’assurer que tu ne fais pas preuve d’inclusivité seulement pour faire une bonne impression marketing. 

Pendant, tu réalises ton action. Mais c’est l’après qui est le plus important, car il faut savoir écouter et être dans l’ouverture à la critique. L’inclusivité consciente, c’est faire preuve d’amélioration continue. Ce n’est pas une case qu’on coche. Faire preuve d’inclusivité, c’est une tâche continuelle qui n’est jamais complètement accomplie ou terminée.

 

Qu’est-ce que le washing?

Quand on se joint à une cause, que ce soit écologique, le mouvement Black Live Matters, ou n’importe quelle autre cause parce que c’est présent dans les médias et que c’est d’actualités, mais sans s’informer sur les revendications et les objectifs du mouvement, on fait ce qu’on appelle du washing.

Le washing, c’est de participer à une campagne avec une date de début et de fin, mais sans mettre en place des actions pour continuer à participer au mouvement dans notre vie personnelle et professionnelle au quotidien.

Faire preuve d’une véritable inclusivité, ça se passe beaucoup dans des actions qui ne vont pas être visibles, qui vont se passer à l’interne de ton entreprise et de ta vie. 

Parfois, on parle aussi de tokénisme. Tu peux en savoir plus sur le tokénisme dans l’épisode avec Gabbie McGuire

 

Comment être inclusif même si ta clientèle idéale ne l’est pas?

Lorsque tu définis ta clientèle idéale, tu restes peut-être encore dans une définition très démographique: le genre, la nationalité, la situation familiale, le salaire annuel, etc. (by the way, tu ne devrais pas t’arrêter là dans la définition de ton client idéal! 😉) Ton marketing a ensuite pour objectif de plaire à cette personne.

Donc, si ta clientèle idéale ne place pas les valeurs d’inclusivité et de diversité au coeur de sa vie, est-ce que c’est quand même important que tu en fasses preuve dans ton marketing et ton entreprise? 

Selon Sam (et moi), il n’y a jamais de négatif à être inclusif.

Chaque personne a des vécus différents, a un entourage constitué de personnes diversifiées. On ne sait jamais ce qui se cache derrière les façades. Sam se prend en exemple. En tant qu’homme trans, il sait que son entourage est plus sensible aux questions d’inclusivité des genres, même si ces personnes sont cisgenres (dont le genre attribué à la naissance correspond à leur genre actuel). 

Montrer la diversité au quotidien, dans toutes les situations, ça contribue à normaliser tous les aspects qui font du monde une diversité magnifique. À force d’être exposé à toutes sortes de réalités, on risque de moins remarquer les différences. Plus on “consomme” quelque chose, plus ça fait partie de la normalité.

 

Qu’est-ce que les entreprises ont à apprendre des OBNL?

La majorité de la clientèle de Samuel Alexis est constituée d’organismes à but non lucratif. Selon lui, les entreprises doivent s’inspirer des OBNL en ce qui a trait à l’humanité et à l’authenticité. Il ne faut jamais perdre de vue que derrière une clientèle se cache de véritables humains. 

 

Qu’est-ce qu’un design inclusif? 

Parlons de l’expertise de Samuel, soit le design graphique. En résumé, un design inclusif doit:

  • pouvoir être consommée par tout le monde. Cela veut dire accessible au niveau des couleurs, du choix de typographie, etc.
  • Mettre en scène une diversité d’êtres humains.

Et ce qui est intéressant, c’est que certains de ces changements ne vont même pas paraître pour ceux et celles que ça ne concerne pas. Ça passera souvent inaperçu, mais ça aurait un bel impact pour ceux et celles plus marginalisé·e·s.

Le design graphique t’intéresse? Écoute aussi l’épisode 10 sur la décolonisation du design graphique avec Estée Dauphin

 

Comment être plus inclusif ou inclusive dans ton entreprise? 

Samuel suggère de voir l’inclusivité comme une ligne du temps.

  1. D’abord, tu dois comprendre où tu te trouves sur cette ligne-là.
  2. Ensuite, détermine un objectif à la fois. Par exemple, être plus accessible pour les personnes avec une surdité. 
  3. Fais la ligne des ressources dont tu as besoin : budget, outils, ressources humaines, etc.
  4. Mets en place un plan d’action pour avancer sur cette ligne, sans viser la perfection tout de suite.

Si on reprend l’exemple d’être plus accessible pour les personnes avec une surdité, tu peux déterminer que ton objectif est de tout sous-titrer et d’avoir des transcriptions. Toutefois, en faisant la liste de tes besoins, tu réalises que tu n’as pas le budget nécessaire pour tout sous-titrer. Une façon d’avancer sur cette ligne pourrait être de commencer par sous-titrer manuellement tout ton contenu de moins d’une minute. Ce n’est pas parfait, mais ça te fait avancer sur la ligne du temps de l’inclusivité.

 

Mentionné dans l’épisode de la Ligne diagonale

As-tu des conseils ou des outils à nous partager pour faire preuve de plus d’inclusivité? Partage-nous ça en commentaires!

0 commentaires