12 objectifs alternatifs pour définir le succès d'une entreprise

12 objectifs alternatifs pour définir ton succès comme entrepreneur et entrepreneuse

C’est l’épisode 65 de la Ligne diagonale et je parle de succès. Est-ce que ça se mesure uniquement en termes de chiffre d’affaires? Of course que non! Je te propose 12 autres objectifs alternatifs pour mesurer ton succès et te faire un high five en tant qu’entrepreneur et entrepreneuse de gauche.

Mets ça dans tes oreilles!

 

Le modèle dominant du succès

Pourquoi est-ce parfois difficile de se féliciter et d’avoir de la gratitude (et même de la fierté!) pour ce qu’on a réussi dans notre entreprise? À cause du modèle dominant du succès.

La quête du chiffre d’affaires et de la croissance dans le modèle entrepreneurial classique, c’est ÇA qui indique si on a réussi ou pas, right?

Cette approche-là met la performance économique au-dessus de tout. L’accent est mis sur la productivité, la rentabilité et l’expansion continue.

Pourtant, cette vision ne prend pas en compte d’autres dimensions importantes de la vie humaine, ni l’impact social ou environnemental des activités d’une entreprise.

Les racines de cette vision du succès viennent des modèles économiques libéraux où la maximisation des gains individuels est vue comme bénéfique pour le collectif à long terme, le fameux “effet de ruissellement » qui est d’ailleurs l’argument numéro un des riches pour s’enrichir encore plus.

 

Le pseudo effet de ruissellement

Parenthèse, l’effet de ruissellement, c’est un concept économique qui soutient que les bénéfices accordés aux plus riches (que ce soit des réductions d’impôts ou des subventions, par exemple) finissent par profiter à l’ensemble de la société.

L’idée c’est que lorsque les plus fortuné·es s’enrichissent encore plus, iels réinvestissent cet argent dans l’économie, et donc créent des emplois, des opportunités économiques et une croissance qui finissent par « ruisseler » vers les classes sociales plus pauvres.

Sauf que c’est de la bullshit.

Parce que ce que ça fait vraiment, quand les riches s’enrichissent davantage, c’est de creuser les inégalités économiques en concentrant la richesse au sommet. Ça limite le pouvoir d’achat et le bien-être de la majorité de la population.

Fin de la parenthèse.

 

La culture du burn out

Un autre problème qui survient avec le fait que le succès est majoritairement associé à la réussite financière, c’est que ça valorise le fait de travailler sans relâche, de viser toujours plus haut, et de mettre énormément de pression psychologique sur les entrepreneurs et entrepreneuses.

D’ailleurs, j’ai envie de te lever un petit redflag si TOUS les gens qui t’entourent sont des entrepreneurs et entrepreneuses et que tout ce dont tu parles, c’est ta business. Je suis super contente pour toi si tu es passionnée par ton entreprise, mais comme pour n’importe quoi, je trouve ça risqué de mettre tous tes cocos dans le même panier.

La culture du burn out et la valorisation du succès financier, ça peut aussi mener à l’exploitation des ressources pour en tirer un maximum de profit. Ça se passe dans la mauvaise rémunération des collaborateurs et collaboratrices, ou des employés, ou un manque de reconnaissance pour les gens parce que l’important, c’est le profit.

Beaucoup d’entrepreneurs et d’entrepreneuses à succès laissent un sillage de gens mal payés, de mauvaise réputation ou de burn out derrière eux et elles.

Est-ce vraiment ça, le succès?

Évidemment, je ne dis pas que c’est IMPOSSIBLE d’avoir un succès financier sans ce côté obscur, mais j’ai jamais rencontré personne encore pour qui c’était le cas.

D’ailleurs, si tu veux en savoir plus sur ma relation à l’argent en tant qu’anticapitaliste, je t’invite à écouter l’épisode 37 sur mon “Money Mindset”.

 

12 objectifs alternatifs pour définir ton succès comme entrepreneur et entrepreneuse

Les entrepreneurs de gauche, on a souvent une vision du succès qui nous dépasse nous-mêmes et qui s’étend à notre communauté. Le modèle traditionnel, centré sur le gain personnel et la concurrence, c’est en contradiction avec nos valeurs de solidarité, d’égalité, et de justice sociale.

On cherche donc à créer des modèles économiques qui sont plus coopératifs, plus inclusifs et plus durables. Pour un entrepreneur de gauche, ces éléments-là font partie de notre réflexion sur ce qu’est la « réussite ».

Le problème avec une grande vision comme ça, c’est par contre que c’est difficile de se féliciter, parce qu’on pense toujours qu’on pourrait faire mieux, ou que nos impacts sont pas assez grands. Right?

Donc, j’ai envie de te proposer des objectifs alternatifs pour définir ton succès, et de t’inciter fortement à te faire un high five et à considérer que tu as du succès si tu arrives à faire ça.

 

1. Contribuer au bien commun

Si ton entreprise a un impact positif sur la société, tu mérites un high five!

Ça peut inclure des pratiques comme la création d’emplois décents, la lutte contre les inégalités économiques, ou la promotion de l’égalité des chances. Une entreprise qui réussit selon cette définition améliore la qualité de vie des gens, en particulier ceux des communautés marginalisées ou sous-représentées.

Shout out à la Clinique d’Acupuncture sociale d’Hochelaga qui offre des tarifs inclusifs pour des soins en acupuncture et en massothérapie.

 

2. Intégrer des principes d’éthique et de responsabilité sociale à ta culture d’entreprise

Si ton modèle d’affaires traite tes collaborateurs, collaboratrices et employé·es équitablement, soutient des fournisseurs locaux et responsables, et favorise des relations commerciales qui sont basées sur la transparence et l’équité, tu mérites un high five.

Par exemple, ça peut être de choisir de travailler avec des partenaires qui sont issus de l’économie solidaire ou de privilégier des circuits courts.

Shout out à Masse Critique dont je te parle la semaine prochaine avec l’invitée Valérie Vedrines.

 

3. Faire preuve d’engagement citoyen et de générosité

Réussir, c’est aussi être un acteur engagé dans la communauté. Ça peut se traduire par des dons à des organismes, par la participation à des projets communautaires, ou encore par la mise en place de programmes de mentorat pour aider d’autres entrepreneur·euses issu·es de milieux défavorisés.

Shout out au Studio Les Louves, qui font un don à l’organisme One Tree Planted afin de planter des arbres dans la forêt boréale à chacun des mandats obtenus. Elles ont fait planter 688 arbres durant leur première année en affaires.

 

4. Renforcer la justice sociale

Tu peux aussi définir ton succès en fonction de ta capacité à rendre ton domaine plus inclusif et juste. Ça peut inclure la promotion de la diversité dans les équipes, la mise en œuvre de pratiques de recrutement équitables, ou l’établissement d’une culture d’entreprise qui valorise les voix de groupes historiquement sous-représentés, comme les femmes, les personnes LGBTQ+, ou les minorités ethniques.

Shout out à Léa Niang et à son infolettre Make it inclusive.

 

5. Adopter des pratiques écoresponsables

Un autre pilier d’une redéfinition du succès, c’est l’impact environnemental de ton entreprise. Pour des entrepreneurs sensibles aux questions écologiques, la réussite passe par la réduction de l’empreinte carbone, la gestion durable des ressources, et le respect des écosystèmes locaux.

Ça peut se passer via des investissements dans des technologies propres, le recours à des matériaux recyclés, ou encore la réduction de la consommation énergétique.

Shout out à Atelier Retailles qui utilise les rejets de l’industrie textile pour créer du papier artisanal et des oeuvres d’art.

 

6. Promouvoir l’économie circulaire et l’économie du partage

En t’inspirant des principes de l’économie circulaire, tu peux viser à limiter le gaspillage en réutilisant ou en recyclant des matériaux, ou encore en concevant des produits pour qu’ils aient une durée de vie plus longue.

Aussi, l’économie du partage peut se passer dans la culture d’entreprise que tu mets de l’avant, comme le covoiturage ou le prêt de matériel. Tout ça peut réduire la production de biens inutiles et favoriser la coopération entre les consommateurs et consommatrices.

Shout out aux Affûtés, qui apprennent aux gens à créer des objets utiles et à réparer leurs objets plutôt qu’à les jeter.

 

7. Sensibiliser les gens

Une entreprise peut aussi jouer un rôle dans l’éducation de sa clientèle aux enjeux environnementaux. Ça peut passer par des campagnes de sensibilisation ou encore des partenariats avec des organismes qui œuvrent pour la protection de la planète.

Shout out à Karine Cloutier qui donne un méchant coup de main à l’organisme Mission 1000 tonnes qui nettoie les berges et les cours d’eau du Québec.

 

8. Prioriser ton bien-être (sans nuire aux bien-être des autres)

Le respect de ton bien-être mental, physique et émotionnel, et le rejet de la « hustle culture » avec des horaires flexibles, des temps de pause fréquents et un entrepreneuriat slow, c’est un indicateur de succès.

Shout à Marie-Eve Lecine de Let it Be Méditation et à toute la douceur qu’elle offre sur ces réseaux sociaux entre autres.

 

9. Réduire ton stress et éviter l’épuisement

De plus en plus d’entrepreneurs et d’entrepreneuses qui ont atteint (ou qui ont essayé d’atteindre) le modèle dominant du succès financier admettent que ça les a menés au burn out.

Je suis loin de shamer les gens qui ont déjà fait un burn out, au contraire, je suis tellement désolée pour vous! Mais dans le climat entrepreneurial, ne pas avoir fait de burn out c’est un indicateur alternatif de succès.

Shout out à Annie au jour le jour dont l’évitement de l’épuisement est le message principal.

 

10. Prioriser la parentalité, les relations amicales, ou les relations amoureuses

Créer un modèle d’entreprise qui te permet de passer du temps de qualité avec tes enfants et ta famille, c’est un indicateur de succès tant qu’à moi! T’es peut-être pas millionnaire, mais crime si tu entretiens un réseau de relations épanouies en même temps que t’arrives à avoir une entreprise, j’espère que tu te fais un high five!

Shout out à Michèle la comptable pas plate qui run son show tout en ayant 4 enfants.

 

11. Choisir le modèle de coopérative de travail

En opposition au modèle traditionnel de l’entreprise centrée sur le profit, les coopératives mettent l’accent sur la participation égalitaire des membres et la redistribution équitable des profits. Dans ces structures, la réussite est mesurée par la capacité à maintenir une organisation juste et équitable, où chaque membre a une voix et où les bénéfices sont réinvestis pour améliorer les conditions de vie de la communauté.

Parce que c’est bien beau être solopreneur ou solopreneuse pour éviter d’exploiter les gens dans un système hiérarchique… mais selon le produit ou le service, c’est pas toujours possible de faire ça à deux mains.

Shout out à toutes les coopératives de travail qui ont choisi de ne pas créer des modèles d’entreprises traditionnelles avec un CEO qui récolte tous les profits.

Payer justement ses collaborateurs et collaboratrices

12. Rémunérer équitablement les gens avec qui tu travailles

Si payer justement tes collaborateurs, collaboratrices, sous-traitants, ou employé·es convenablement menace la rentabilité de ton entreprise… t’as un problème! Tu peux pas, selon moi, dire que tu as du succès.

Un indicateur de réussite qui, oui, a un volet financier, mais qui demeure alternatif, c’est d’être rentable tout en rémunérant équitablement tout le monde avec qui ton entreprise fait affaire.

Et sans gêne, je vais me faire un shout out à moi-même. Parce que s’il y a bien quelque chose qui me rend fière dans mon entreprise, c’est les modèles de rémunération que j’ai mis en place quand je fais des collaborations.

Et c’est beaucoup ÇA qui a inspiré l’épisode parce que dans chacune des collaborations que j’ai organisées, j’ai fait l’exercice de calculer combien d’argent en plus j’aurais eu si j’avais utilisé les mêmes modèles de rémunération de ventes affiliés que les autres collaborations similaires utilisent toutes. …pis calvaire, j’ai laissé du cash sur la table c’est clair! OF COURSE que ça aurait été bien plus payant pour moi de fonctionner selon le même modèle que ces autres entrepreneurs et entrepreneuses-là.

Mais j’ai tenu mon boutte. J’ai honoré mes valeurs et le type de personnes que je suis.

Et je me rappelle quand j’ai acheté ma maison, je me suis dit. “I made it anyway, criss.”

J’ai réussi pareil, même sans me laisser embarquer dans un modèle qui ne me ressemble pas.

High five à moi-même.

High five à toustes vous autres qui tenez votre boutte.

On lâche rien.

Bon succès à tous et à toutes!

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